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17 janv. 2010

De Tavernost : "On enterre Lyon trop vite"



Le président du directoire d' M6 et propriétaire des Girondins de Bordeaux donne une interview au Monde dans laquelle il évoque ses projets pour le club.



Bordeaux est-il le "nouveau Lyon" ?
On enterre Lyon trop vite. Je suis respectueux du parcours de son président, Jean-Michel Aulas. Son club a un coup de mou cet hiver, il n'en reste pas moins une formidable machine. Bordeaux ne dispose pas encore des outils qui lui permettent de jouer le rôle de Lyon. Peut-être que l'OL n'a pas su se faire aimer, malgré ses résultats. A nous de le faire avec notre style et nos moyens.

Quels sont ces moyens ?
Nos moyens, ce sont Laurent Blanc et un nouveau stade. Nous avons repris le club en avril 1999. Notre premier objectif était de réinstaller Bordeaux durablement parmi les quatre grands clubs français. Il a fallu tenir compte des contraintes : Bordeaux n'est pas Marseille ni Paris, pas même Lyon. On a un environnement plus difficile, le bassin de population et l'activité économique ne sont pas les mêmes. Il y a des partenariats que nous ne pouvons avoir. Depuis cinq ans, les Girondins gagnent de l'argent, de 3,3 à 11,2 millions d'euros par an, réinvesti en totalité dans le club. Notre stratégie vise à ne pas faire dans le court terme, mais progressivement. Avec une stabilité managériale incarnée par Jean-Louis Triaud, qui est depuis onze ans à la tête du club. Et en privilégiant le développement interne : le premier investissement est allé au centre de formation. Bordeaux est aujourd'hui un club très solide par son staff, c'est une famille.

Votre campagne européenne n'a-t-elle pas changé la donne ?
Bordeaux est arrivé à un niveau où il est sans doute temps de franchir une étape supplémentaire pour compter parmi les grands clubs européens. Pour cela, il faut faire progresser le budget du club avec un cercle vertueux en Ligue des champions - nous en sommes à trois participations en quatre ans - et en disposant d'un outil stade que l'on n'a pas aujourd'hui. Au stade Chaban-Delmas, nous avons 31 000 places laissant les trois quarts des gens sous la pluie, là où nous pourrions en avoir 44 000 plus confortables. Il y a un endroit idéal, très écolo, qui ne gêne personne : le Lac. Il bénéficie déjà d'infrastructures comme un parking moderne et le tramway.
Les résultats sportifs sont là, la participation du club est considérable, à hauteur de 100 millions d'euros, l'aide de l'Etat est annoncée pour 20 millions d'euros. Le financement de cet équipement public est déjà assuré à 60 %. J'espère que les collectivités territoriales - ville, communauté urbaine, département et région - sauront saisir cette opportunité historique, qui ne se reproduira pas avant dix ans.

Laurent Blanc, votre entraîneur, est donné comme successeur de Raymond Domenech à la tête des Bleus. Et il a menacé de partir si Bordeaux ne passait pas à la dimension supérieure.
Jean-Louis Triaud a eu une incroyable vista lorsqu'il a décidé de faire confiance à Laurent Blanc. C'est pourquoi, dès janvier 2009, nous avons tenu à prolonger son contrat. Celui-ci, je le rappelle, court jusqu'en juin 2011.
Nous avons jusqu'à présent toujours répondu aux demandes de Laurent Blanc, nous continuerons à le faire. Tous les joueurs souhaités dans l'équipe ont pu nous rejoindre. J'avais aussi personnellement insisté pour que Marouane Chamakh n'aille pas à Lyon, il y a trois ans.

Chamakh partira-t-il pendant le mercato d'hiver ?
Il est girondin jusqu'à la fin de la saison et nous souhaitons qu'il le reste pour les années suivantes.

Quelle est votre position par rapport au droit à l'image ? On dit souvent que sans cette disposition, Yoann Gourcuff aurait quitté Bordeaux.
Je ne suis pas sûr que le droit à l'image collective (DIC, qui autorise les clubs à exonérer de charges sociales jusqu'à 30 % des salaires de leurs joueurs) puisse expliquer à lui seul la signature de Gourcuff à Bordeaux. Ce que je sais, c'est qu'à chaque fois que Bordeaux a proposé des réformes adaptées - un championnat à 18, une règle pour les charges sociales pour Monaco, un statut d'entrepreneur pour les sportifs professionnels - nous n'avons été écoutés sur aucun de ces points.
Je suis estomaqué qu'un groupe comme le nôtre, qui participe aux appels d'offres pour la diffusion des matches et a réussi à mener un club au titre de champion de France, soit aussi maltraité par les instances du football. Je suppose que Boulogne ou Grenoble apportent plus au football français que Bordeaux... C'est pourquoi il me paraîtrait important que Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux se concertent plus souvent, car c'est bien ces quatre-là qui font l'attractivité du championnat et des coupes d'Europe.

crédit photo : AFP/Jean-Pierre Muller

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